http://www.slate.fr/story/137081/jai-essaye-un-regime-medievalAu Moyen-Âge, les régimes étaient beaucoup moins branchés légumesSarah Laskow, traduit par Florence Delahoche
J'ai essayé un régime médiéval, et je n’ai même pas été ivre (enfin, pas tant que ça).Il semble parfois que tous les conseils diététiques se résument à quelques idées élémentaires, que l’on nous ressort constamment: manger des légumes et des protéines «saines», éviter les plats préparés industriels, s’hydrater et s’hydrater encore…
Ce n’était toutefois pas le cas au Moyen Âge.
Le Regimen Sanitatis Salernitanum
voir (connu en français comme le Régime de santé de l’école de Salerne
ici ) fut créé, pense-t-on, par de grands médecins pour la royauté anglaise et transmis sous la forme d’un poème. Il recommande, très spécifiquement, de consommer du vin rouge, des œufs frais, des figues et du raisin. Il ne s’intéresse que peu aux légumes. C’est, à bien des égards, l’antithèse des régimes à la mode actuellement: il fait l’apologie du blé, met l’accent sur la viande et se compose de deux repas consistants, sans faire mention d’en-cas. L’eau est regardée avec méfiance et les jus de fruits n’y ont pas leur place.
Pourtant, entre les années 1200 et 1800, époque à laquelle rester en bonne santé constituait un enjeu autrement plus important qu’aujourd’hui (tomber malade pouvait équivaloir à une condamnation à mort), ce régime était l’un des guides de santé les plus connus d’Europe. D’une certaine manière, il promettait à ceux qui suivaient ses préceptes de se maintenir en vie.
En l’ignorant, ne serions-nous pas en train de passer d’excellents conseils? Après tout, l’eau ne serait-elle pas un peu surcotée? Afin d’en avoir le cœur net, j’ai décidé de tester moi-même le Regimen Sanitatis Salernitanum. Durant une semaine et demie, j’ai suivi, du mieux que j’ai pu, les conseils des médecins de Salerne. J’ai bu du vin dilué au dîner et parfois au déjeuner, j’ai mangé du pain à presque tous les repas, j’ai opté pour de riches plats de viande en sauce dès que j’ai pu. Toutefois, le régime ne se contente pas d’énumérer ce qu’il faut manger (ou non). Il donne également des préceptes d’hygiène de vie à suivre au quotidien.
J’ai eu l’impression de vivre dans Game of Thrones. Certains jours, il m’a semblé que je vivais comme un roi du XIIIe siècle. Malgré toute la quantité de vin que j’ai bu, je n’ai jamais été ivre! Pour tout dire, je me sentais vraiment bien.
Razzia sur la viande, les œufs, le blé...Le régime de santé de l’école de Salerne reposait sur la théorie humorale, selon laquelle une bonne santé réside dans l’équilibre des quatre humeurs du corps –le sang, le flegme, la bile jaune et la bile noire. Les médecins de l’époque considéraient que les aliments possédaient des qualités –chaud, froid, sec ou humide– qui permettaient de préserver cet équilibre. Ces idées trouvent leurs origines dans le monde méditerranéen, à l’Antiquité, plus particulièrement chez le médecin grec Galien. Elles furent ensuite transmises aux médecins du monde arabe avant de faire leur réapparition en Europe.
Bien que les médecins médiévaux légitimaient leurs recommandations en s’appuyant sur ces conceptions de fonctionnement du corps humain, leurs conseils médicaux n’étaient pas aussi hypothétiques qu’on pourrait le penser. «Ils justifiaient leur pratique par les humeurs, mais ils étaient arrivés à ces conclusions à force de tâtonnements», explique...
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