Messages : 3625 Date d'inscription : 17/08/2009 Age : 40 Localisation : Cellieu en Lyonnais
Sujet: La fiancée du Timbalier (malicorne) Mar 4 Oct 2011 - 14:53
Texte de Hugo tiré de odes et ballades donc pas histo mais superbe !
monseigneur le duc de Bretagne a pour les combats meurtriers convoqué de Nantes à Mortagne dans la plaine et sur la montagne l'arrière-ban de ses guerriers
ce sont des barons dont les armes ornent des forts ceins d'un fossé des preux vieillis dans les alarmes des écuyers des hommes d'armes l'un d'entre eux est mon fiancé
il est parti pour l'aquitaine comme timbalier et pourtant on le prend pour un capitaine rien qu'a voir sa mine hautaine et son pourpoint d'or éclatant
j'ai dit à notre abbé messire priez bien pour tous nos soldats et comme on sait qu'il le désire j'ai brulé trois cierges de cire sur la châsse de saint Gildas
il doit aujourd'hui de la guerre revenir avec monseigneur ce n'est plus un amant vulgaire je lève un front baissé naguère et mon orgueil est du bonheur
le duc triomphant nous rapporte son drapeau dans les camps froissés venez tous sous la vieille porte voir passer la brillante escorte et le prince et mon fiancé
mes sœurs à vous parer si lentes venez voir près de mon vainqueur ses timbales étincelantes qui sous sa main toujours tremblantes sonnent et font bondir le cœur
venez surtout le voir lui-même sous le manteau que j'ai brodé qu'il sera beau c'est lui que j'aime il porte comme un diadème son casque de crin inondé
sur deux rangs le cortège ondoie d'abord les piquiers au pas lourd puis sous l'étendard qu'on déploie les barons en robe de soie avec leurs toques de velours
voici les chasubles des prêtres les héraults sur un blanc coursier tous en souvenir des ancêtres portent l'écusson de leur maître peint sur leurs corselets d'acier
admirez l'armure persane des templiers craints de l'enfer puis sous la longue pertuisane les archers venus de Lausanne vêtus de buffle armés de fer
le duc n'est pas loin ses bannières flottent parmi les chevaliers quelques enseignes prisonnières honteuses passent les dernières mes sœurs voici les timbaliers
elle dit et sa vue errante plonge dans les rangs serrés puis dans la foule indifférente elle tombe froide et mourante les timbaliers étaient passés