Cris d’armes, cris de guerre.
Pour rallier leurs troupes et vassaux dans la mêlée des combats, identifier les parties en présence ou pour défier l’adversaire avant la charge, les nobles usent de cris propres à leurs maisons.
Il a existé des centaines de ces formules, témoins de la richesse de l’imagination de l’époque, de la virulence de leurs auteurs, parfois cocasses et mêmes amusantes.
Dans les plus pittoresques, on relève :
- Les comtes de Flandre : Flandre au lyon!
- Les seigneurs de Bar: Au feu! Au feu!
- le sire du Blaton crie : Blaton à force !
- le prince de Graves : Graves au chapelet !
- La maison de Vaudenay : Au bruit!
- le sire de Buves : Buves tost assis ! (buvez tous assis)
- les Butet de Savoie : La vertu mon but est !
- Bertrand Guesclin : Saint-Yves Guesclin!
- Les Gascons : Bordeaux!
- les sires de Chauvigny : Chevaliers pleuvent !
- le sire de Villers-sire-Nicole : Barbenchon !
- les Heinaërt (boiteux) de Flandre : Marche droit Heinaërt !
- les seigneurs de Du Blé, en bourgogne : En tous temps du blé !
- les Lyobard, en Bugey (devise de tournoi) : Pensez-y, belle, fiez-vous-y !
- Les comtes de Champagne et de Sancerre : Passavant li meillor!
- Les seigneurs de Vilain, descendants des châtelains de Gand (Belgique) : Gand à Vilain sans reproche!
- La maison de Waudripont (Hainaut), qui porte dans son écu deux lions adossés : Cul à cul, Waudripont!
La devise de la ville de Morlaix, en bretagne, a-t’elle servie de cri de guerre ? Elle aurait bien pu l’être :
- S’ils te mordent, mords-les !
L’origine de ces cris sont très divers, beaucoup sont formés sur l’invocation à "Notre-Dame" ou le simple nom de la maisonnée, d’une ville, d’une forteresse ou du saint consacré. Ils peuvent aussi rappeler un fait d’armes (comme celui de Chauvigny qui rappelle un exploit en terre sainte), d’autres sont équivoques aux noms. Il peut s’agir aussi de formules de circonstances inventées le temps d’un tournoi ou d’une campagne militaire.
Mais saura-t’on l’origine de tous, comme ce mystérieux ‘Barbenchon’ ?
Ces cris, indispensables pour s’enhardir avant l’assaut, plongent leurs racines dans l’antiquité, peut-être la plus lointaine. On dit que les soldats Romains avaient un barritus (penser à ‘barrissement’) consistant à crier "Feri ! "(frappe !). Ces cris serviront ensuite à s’identifier dans la bataille, probablement avant la création du langage héraldique.
Ils ne faut pas les confondre avec les devises familiales, même si certaines d’entre elles y trouvent leur origine.
L’un des cris les plus connus restant bien sûr : Montjoie Saint Denis ! Cri de l’ost royal des vassaux de la couronne de France en 1124 contre les troupes de l’envahisseur Henri V, empereur d’Allemagne.
Groupées exceptionnellement derrière leur roi et l’oriflamme rouge de Saint Denis, c’est une réaction notable d’unité nationale, dans les plus anciennes.
Le Littré nous explique l’étymologie de cette formule :
Mont, et joie. La Mont-joie Saint-Denis, ou, simplement la Mont-joie, était le nom de la colline près Paris où saint Denis subit le martyre ; ainsi dite, parce qu'un lieu de martyre était un lieu de joie pour le saint qui recevait sa récompense. La Mont-joie Saint-Denis signifie la Mont-joie de saint Denis, selon l'ancienne règle qui rendait le génitif latin par le cas oblique. Le nom de mont-joie s'étendit à tous les monceaux, et se prit même figurément. D'un autre côté les Français prirent pour cri de guerre Mont-joie Saint-Denis ou, simplement, Mont-joie.
Source internet "vivre au M-A"