Franco-provençal, francoprovençalLa création de l'expression franco-provençal est due au linguiste italien Graziadio Isaia Ascoli en 1873 :
« J'appelle franco-provençal un type linguistique qui réunit, en plus de quelques caractères qui lui sont propres, d'autres caractères dont une partie lui est commune avec le français (un des dialectes de langues d'oïl) et dont une autre lui est commune avec le provençal, et qui ne provient pas d'une tardive confluence d'éléments divers, mais au contraire atteste de sa propre indépendance historique, peu différente de celle par lesquelles se distinguent entre eux les autres principaux types romans. »
— Graziadio Isaia Ascoli
Ce mot est désormais écrit sans trait d'union afin d'éviter la confusion et de souligner le caractère indépendant de cette langue. Le terme « provençal », au moment où Ascoli écrit ces lignes, ne se réfère pas uniquement à la langue de la Provence, mais à l'intégralité de la langue occitane. En effet, l'occitan, avant d'obtenir son nom de baptême définitif, en a reçu plusieurs, chronologiquement « limousin », puis « provençal ».
La suppression du trait d'union, proposé au Colloque de dialectologie francoprovençale de 1969 à l'université de Neuchâtel (cf. Marzys 1971), traduit lexicalement la volonté de créer une identité propre et plus marquée ; elle vise également à éviter de suggérer que la langue se borne à une simple juxtaposition d'éléments d'oïl et d'oc.
RomandLe terme romand pour nommer le francoprovençal est attesté depuis le XVe siècle (dans un document fribourgeois de 1424 qui autorise les notaires à « faire lettres en teif [= allemand] et en rommant ») ; il est fréquent dans des documents vaudois et fribourgeois des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est encore attesté à Genève au XIXe siècle, mais il n'a jamais dépassé les frontières de l'actuelle Suisse romande.
ArpitanLes termes arpitan et arpian qui signifient montagnard pour le premier, berger pour le deuxième, ont été repris au début des années 1970 pour répondre au besoin de lever la confusion générée par le terme francoprovençal. La forme particulière arpitan a été choisie pour sa ressemblance avec le nom de la seconde grande langue gallo-romane, l’occitan. Littéralement, arpian ou arpitan, signifie donc « le montagnard, le berger ». Arpitan est formé à partir de la racine pré-indo-européenne alp-, dans sa variante dialectale moderne arp- ; en francoprovençal, ce mot ne désigne pas la « montagne », une « forme de relief élevé », comme on le croit communément, mais les « pâturages de montagne où les troupeaux sont conduits et passent l'été » (voir alpage). Cette racine est présente dans de nombreux noms de lieux, tant en Haute-Provence (Arpasse, Arpette, Arpillon, ...), qu'en Dauphiné (Arp, Arpion, Arpisson, ...), qu'en Savoie (Arpettaz, Arpeyron, Arpiane, ...), qu'en Valais (Arpette, Arpache, Arpitetta, ...) et que sur le versant italien (Arpet, Arpetta, Arpettaz,...). On retrouve cette racine ou sa variante, en Lombardie, en Suisse, en Allemagne et en Autriche.
À partir de 1974, et jusqu'au début des années 1980, un équivalent orthographié harpitan est utilisé par un groupuscule politique valdôtain appelé Movement Harpitanya.
De tendance maoïste, il prône la « libération nationale et sociale de l'Harpitanie ». Inusité dans les publications de la recherche universitaire francophone, arpitan est malgré tout reconnu dans la terminologie universitaire comme un synonyme de francoprovençal, puisque le SUDOC (Système Universitaire de Documentation), système de référence, l'a indexé comme tel. En revanche, le terme commence à être usité dans la littérature universitaire des chercheurs non francophones et non spécialistes. Il est aujourd'hui en usage dans certaines associations de locuteurs, notamment l'Association des enseignants de savoyard (AES, président : Marc Bron), qui cherchent à revitaliser leur langue, et une association transfrontalière implantée à Rochetaillée (France) et Fribourg (Suisse), l'Aliance Culturèla Arpitana, qui souhaite « rendre visible l'arpitan sur la place publique », promeut l'utilisation d'une orthographe unifiée (l'Orthographe de Référence B) et le mot arpitan, arguant que le terme francoprovençal prête à confusion, entravant ainsi ses chances de reconnaissance officielle en tant que langue minoritaire (en France notamment).
+ http://fr.wikipedia.org/wiki/Francoproven%C3%A7al