Article vue sur le blog d'une certaine Hildegarde_du_dragon
et dont je recommande fortement la lecture
, bien qu'elle
parle surtout de l'Allemagne cela ce transpose aisément
chez nous !
En plus L'OST DU DAUPHIN est cité dans les remerciements !
samedi, décembre 23, 2006Au sujet de ce qui suit Après mon séjour en Allemagne l'été 2005, j'ai dû rédiger le résultat de mon "voyage d'étude". Voici donc les modestes conclusions auxquelles je suis arrivées, rien de bien original peut-être mais absolument de moi, sans aucune inspiration externe autre que les témoignages glanés ici et là (surtout là d'ailleurs). Pourquoi je ne la publie que maintenant?
_ ce compte rendu n'a pas eu l'heure de plaire au jury, qui ne m'a pas accordé de second voyage: déception, je me demande bien ce qu'il leur fallait car je me suis quand même un chouia remué le neuronne (le seul, l'unique)
_j'ai remarqué la multiplication des articles théoriques sur ce sujet dans les magazines med', donc, je me suis dit que si je trainais plus, on m'accuserait d'avoir pompé ici et là, et puis comme ça à l'air d'interesser des gens, pourquoi ne pas ajouter, comme dirait la poète, ma pierre à la femme adultère (comment, c'est pas ça?)
_et puis enfin un truc en français, ça fera pas de mal,
Es tut mir leid, für die, die Französich nicht verstehen, es war aber ein bisschen schwer, alles zu übersetzen.
LA RECONSTITUTION MEDIEVALE EN ALLEMAGNE Autour du feu, au milieu des tentes de lin huilé, une dizaine d’ombres discutent armement tandis que les autres se sont déjà endormis sur leurs paillasses. Andréas expose sa cotte de maille, les commentaires élogieux ou critiques font bientôt place aux considérations théoriques : que vaut ce réseau d’anneaux contre un carreau d’arbalète ? bien peu de chose en fait. Alors pourquoi s’en encombrer ? Et contre les bouches à feu ? pas plus. Il reste bien l’épée, mais à ce prix là, autant préférer une bonne cuirasse. De tout façon, seule la Grâce de Dieu nous protégera de la mort… nous voici embarqués dans de la théologie d’après festin, accompagnée d’un petit hypocras de derrière les fagots elle aide à digérer la poularde farcie et les beignets. Bon, tout le monde paraît loquace et avant que la conversation ne dérive sur l’horreur de la guerre moderne, les armes de destruction massive comme cela à l’air bien parti, je me lance : Pourquoi avez-vous choisi de revivre le quotidien du quatorzième siècle ? Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans cette période ? Voilà un sujet plus enthousiasmant et chacun évoque son expérience personnelle.
Vêtue d’une cotte de lin blanc et d’une robe de laine bleu foncé, les cheveux nattés sous ma coiffe, je suis dans le sud de l’Allemagne, entourée d’un informaticien, une chimiste, un archéologue, un couple de professeurs (histoire et littérature), une étudiante. Un regard étranger pourtant s’y tromperait s’il se concentrait sur notre petit groupe et se croirait plongé en plein Moyen Age : à part la langue, qui reste de l’Allemand moderne, tentes, couches, habits, armes, charrettes, nourriture, vaisselles, mobilier, tout est de l’authentique quatorzième, fait à la main selon les techniques de l’époque. C’est cette façon vivante de présenter l’Histoire que j’ai choisi de découvrir en Allemagne, avec différents groupes de reconstitution allant de la fin du treizième au début du quinzième siècle, les gens qui la pratiquent, leur passion, les raisons de cet engouement, mais surtout les artisanats, les techniques qu’ils redécouvrent.
Petite terminologieIl sera question ici de fêtes médiévales, marchés médiévaux, reconstitutions historiques etc… il convient donc, avant de détailler, de définir en gros ce que j’entends par chacun de ces termes pour éviter les connotations plus ou moins fâcheuses.
La fête médiévale prend souvent place dans une citadelle, un village fortifié ou tout autre site ayant un riche patrimoine médiéval, elles sont parfois également organisées par des musées comme on les verra plus tard. Le mot de fête doit évoquer l’ambiance joyeuse, le caractère exceptionnel, l’animation, mais non le divertissement facile et grand guignolesque, en effet, les fêtes dont on parlera ici sont organisées dans le plus grand souci de l’authenticité historique.
La reconstitution historique est précisément cette recherche d’exactitude dans la représentation d’une période donnée, elle ne s’exerce que dans le cadre de fêtes, d’évènements particuliers, mais hélas tout ce qui se dit fête médiévale n’atteint pas forcément le niveau d’une reconstitution historique. Pour la désigner, les Anglais parlèrent les premiers de Living History, en Français, le concept d’ Histoire Vivante est en plein essor.
Comment maintenant désigner les gens qui pratiquent ce qu’eux même appellent un hobby : reconstructeurs ? Ca fait un peu maçon, acteurs ? trop théâtral, alors optons pour médiévistes, même si le terme est littéralement réservé aux historiens du Moyen Age, on verra en effet qu’il s’agit bien de recherche historique à la fois théorique et pratique. Ces gens, selon leurs propres titres, se regroupent en compagnies, associations, host ou troupes lorsqu’il s’agit de reconstitution militaire, on peut aussi parler de groupes médiévistes.
A tous ces termes l’on ôtera la connotation théâtrale ou saltimbanque, on gardera l’image de groupement de personnes partageant un même intérêt pour une époque donnée et s’attachant à la faire connaître en représentant son quotidien. De même lorsque l’on parle de scène médiévale pour évoquer les milieu, le réseau formé par les médiévistes européens.
Enfin, l’ennemi juré de tout médiéviste allemand : le marché médiéval, ou Mittelaltermarkt, où le Moyen Age est réduit à sa valeur marchande, lieu de propagation de tous les clichés, annexe des studios hollywoodiens. Pour faciliter les choses, ce que l’on nomme marché médiéval en France n’a rien à voir avec cela, au contraire, souvent organisés par l’Association pour l’Histoire Vivante, ils permettent aux compagnies de faire leurs emplettes en fournitures authentiques et ne regroupent que des artisans ou commerçants, sans sacrifier aux pseudo troubadours et autres amuseurs publiques, cependant, on ne peut jamais y éviter le stand de bibelots celtico néopagano médiéval-fantastiques aux inénarrables dragons ventrus en étain, et elfettes mutines.
La reconstitution historique
Le conceptLa reconstitution historique est depuis longtemps connue en France à travers les bals ou dîners du dix-sept ou dix-huitième siècle donnés dans les châteaux comme Vaux le Vicomte où le public était invité à se costumer, se poudrer, pour participer à une fête digne des splendeurs de la monarchie absolue. Elle existe cependant comme démarche historique, supposant des recherches approfondies sur une époque, une civilisation donnée. Il s’agit alors de reproduire le quotidien d’une certaine catégorie d’hommes choisie avec précision, avec le plus de rigueur possible. Cela nécessite non seulement une recherche de documentation, mais alors que l’historien publie le résultat de cette recherche sous la forme d’un livre, la reconstitution effectue le passage de la théorie au pratique. Ce mouvement trouve ses origines dés la fin du dix-neuvième siècle, en Suède, avec la volonté de préserver un village comme représentant de la culture pré industrielle et des traditions populaires, puis dans les années 1920 aux Etats-Unis, dans un but principalement éducatif, comme une nouvelle manière d’appréhender l’Histoire
Les associations sont au maximum composées d’une trentaine de membres, représentant lors de manifestations une unité sociale particulière. Les vêtements, les objets utilisés, le mobilier, la cuisine, s’ils ne sont pas des originaux (chose difficile jusqu’aux guerres napoléoniennes à cause de la rareté et de la préciosité de telles pièces) sont reproduits idéalement d’après des objets (ou des recettes) authentiques, avec les techniques connues à l’époque. On peut représenter tous les peuples, toutes les époques : les reconstitutions de villages antiques en Egypte sont bien connues, de même que les batailles napoléoniennes qui restent très populaires. J’ai ainsi entendu parler de reconstitutions de villages indiens, de légions romaines, de samouraïs, bien sûr de tout le Moyen Age, depuis les invasions barbares jusqu’au début de la Renaissance. En Allemagne, les lansquenets connaissent un franc succès, en France, on est longtemps resté attaché à Louis XIV ou au siècle des lumières. Les premières et seconde guerres mondiales sont aussi largement représentées.
La particularité de ces manifestations est leur durée, de deux à dix jours, qui permet de se plonger entièrement dans un passé que l’on découvre « de l’intérieur » dans la mesure du possible, avec le manque de confort quotidien et de moyens qui obligent l’individu à s’adapter à une situation qui lui est étrangère, à réinvestir des gestes ancestraux tels que l’épouillage ou chasse à l’hypothétique perce oreille sournoisement passé de la paille à ma chemise pendant la nuit.
> pour lire l'article en entier